Les CM1-CM2 de l’école d’Orcemont ont été choisis pour faire partie du Parlement des enfants
Les CM1-CM2 d'Orcemont ont été choisis par l'Éducation nationale pour représenter la 10 e circonscription des Yvelines au Parlement des enfants. L'idée est de faire découvrir aux élèves la fonction de législateur. C'est dans ce cadre qu'ils ont eu la visite de la députée Aurore Bergé.
Ce jour-là, pas d'absentéisme dans la petite assemblée. À défaut de questions au gouvernement, ils en ont pour la porte-parole du groupe LREM au Palais Bourbon. Elle, ne s'installe pas au perchoir, à l'aise dans l'exercice, « elle se met à leur hauteur », constate Antony Douézy, directeur de l'école.
Elle pose tout de même la première question : « Pouvez-vous m'expliquer ce que c'est que la biodiversité ? » Il n'y a pas de piège. Ils ont travaillé pendant trois semaines sur le sujet pour élaborer leur loi. Ils connaissent leur dossier et le vocabulaire qui s'y rapporte : écopâturage, permaculture, impact des pesticides sur les sols…
Est-elle un peu bluffée par ses petits administrés, la députée ? En tout cas, elle mène les débats. Les mains ne cessent de se lever. Ils lui parlent de l'Espagne « qui applique des pesticides après la récolte alors que la France non. C'est injuste ! » Elle répond Europe. « C'est pour cela que certaines décisions doivent être prises au niveau Européen. »
Ce qui les intéresse le plus, c'est de savoir si Aurore Bergé pense que leur loi « a une chance de gagner ». En effet, à de nombreuses reprises, les textes adoptés par le Parlement des enfants ont été, par la suite, repris dans de véritables propositions de loi, soumises à l'examen de l'Assemblée nationale par des députés.
« Vous avez de très bonnes propositions, notamment celle sur la protection des abeilles. C'est un sujet dont nous devons parler à l'Assemblée. Maintenant, je ne suis pas seule à décider. Il faut en débattre avec mes collègues. »
22 ème PARLEMENT DES ENFANTS
PROPOSITION DE LOI
Visant à limiter l’impact de certaines activités humaines sur la biodiversité.
Présentée par les élèves de la classe de CM1/CM2 de l’école primaire Les Tilleuls d’Orcemont (Académie de Versailles) :
Alexuta Adeline, Berlioz Juliette, Bourgeois Lily, Canet Tristan, Chartier Kellya, Cordon Tom, Delaporte-Sylva Maëlys, Diénova Léa, Douézy Edgar, Fouquerai Manech, Gatineau Chloé, Gatineau Louis, Haba Samy, Haddad-Angho Olivia, Mazouz Zakariyah, Ménard Juliette, Muller Elora, N’Guyen Thomas, Raffatin Agathe, Sery Alexandre, Surocca-Zins Jade, Surocca-zins Lily
EXPOSE DES MOTIFS
Mesdames, Messieurs,
La préservation de notre environnement est un enjeu important du 21ème siècle. Nous souhaitons mettre en avant trois problèmes causés par l’activité de l’homme.
Le premier : les abeilles en voie de disparition à cause des produits chimiques et de la raréfaction des espaces naturels ou elles peuvent butiner. Elles vivent mieux à la ville qu’à la campagne, ce n’est pas normal. Elles jouent un rôle fondamental pour la biodiversité en participant à la reproduction des plantes et de certains arbres et permettent à l’homme de se nourrir. Les arbres produisent de l’oxygène indispensable à la vie sur terre et absorbent le CO2 responsable du réchauffement climatique. Tout est lié…
Le second : l’appauvrissement des sols. Le sol est une richesse à protéger, un écosystème vivant permettant de cultiver et de nourrir l’homme. La diminution du nombre de vers de terre illustre ce problème (en 1950, 2000 kg de vers de terre par hectare, aujourd’hui 200 kg). La faune du sol est détruite par les pesticides et le tassement (engins agricoles lourds). Le sol appauvri n’est plus aéré, se tasse et empêche l’eau de s’infiltrer dans le sol. Elle ruisselle dans les cours d’eau et crée des inondations.
Le troisième : Les pesticides menacent la biodiversité marine. Le tassement des sols provoque le ruissellement de l’eau dans les cours d’eau et les océans. Elle entraîne avec elle les produits chimiques agricoles. Comme il y a moins de haies qu’avant pour retenir et absorber l’eau, le phénomène est aggravé. Cette pollution détruit le phytoplancton, premier maillon de la chaîne alimentaire de l’océan et menace la biodiversité marine. Le phytoplancton produit aussi beaucoup d’oxygène.
Il est urgent d’agir. L’interdiction des pesticides est une solution, mais elle est longue à se mettre en place. Il faut donc trouver des solutions qui préservent les sols, limitent le ruissellement de l’eau et offrent des habitats pour les abeilles, la faune et la flore.
Encourageons le plantage de haies. Elles permettent de retenir l’eau et offrent un habitat pour les animaux et les insectes. Les abeilles peuvent y butiner du printemps à l’automne. Les prédateurs d’insectes « ennemis » des cultures peuvent y trouver refuge.
Développons l’écopâturage consistant à entretenir des espaces verts avec des animaux (moutons, chèvres…) Ainsi, il n’y a pas besoin d’outils mécaniques ni de produits chimiques. Les animaux fertilisent le sol par leurs déjections. Le sol garde toutes ses qualités pour faire office d’éponge lors des pluies et il reste très fertile.
Il faut enfin créer des « Réserves de biodiversité ». Ce sont des espaces dans lesquels on plante des arbres et au milieu desquels on crée une mare ou un étang. Ces espaces sont interdits d’accès. Ils peuvent donc devenir un refuge pour beaucoup d’espèces animales et végétales (y compris les abeilles). La biodiversité s’y développe en toute tranquillité.
PROPOSITION DE LOI
Article 1er
Les collectivités locales doivent favoriser l’usage de l’écopâturage pour l’entretien de leurs espaces verts. Toute commune, ou communauté de communes à obligation d’utiliser l’écopâturage pour l’entretien de ses parcelles fermées n’accueillant pas de public et n’étant pas laissées en friche.
Article 2
Les propriétaires terriens (privés et collectivités) ont l’obligation de planter des haies sur les limites des parcelles situées en bordure des routes et des chemins sur au moins la moitié des longueurs totales identifiées. Ces haies devront être composées d’espèces arbustives à fruits comestibles si possible et d’arbres. Un tiers des arbres devront être fruitiers (fruits à pépins, à noyaux et fruits à coques). Toutes les espèces plantées devront être identifiées comme des espèces locales.
Article 3
Chaque collectivité locale a le devoir de mettre en place au moins une « Réserve de biodiversité » sur son territoire. Ces réserves sont des espaces plantés d’arbres et d’arbustes (toute espèce d’arbre ou d’arbuste n’étant pas identifiée comme une espèce locale ne peut y être plantée). Ces réserves sont interdites d’accès sauf aux personnes chargées de sa surveillance. Les « Réserves de biodiversité » doivent avoir une surface d’au moins 2000 m2. Un espace aquatique peut y être ajouté (mare, étang). Une forêt ou un bois déjà existant peuvent devenir « Réserve de biodiversité » à condition qu’ils respectent les conditions du présent article (espèces locales, accès interdit).
Article 4
Chaque commune à l’obligation de réserver sur son territoire au moins un espace destiné à accueillir une ou plusieurs ruches d’abeilles.